●●●●○ La religion pousse au crime

Barouk Salamé était aux derniers Quais du Polar intervenant dans plusieurs tables rondes, dont une pour parler d’urbanité et des liens avec la religion au sujet de la guerre d’Algérie. Ces paroles fermes et mesurées laissaient transparaître une certaine érudition. Curieux, j’ai lu son premier opus « Le testament syriaque » et j’ai pris une claque ! C’est que Barouk Salamé, sous des dehors bonhommes et bon vivant, possède un savoir sur l’histoire des religions plutôt bluffant, de là à en déduire que l’homme ne fait pas qu’observer les rues de la cité mais passe aussi de nombreuses heures sous les lambris des bibliothèques, il n’y a qu’un pas que je franchis allègrement. Barouk Salamé revient dans le testament syriaque sur l’évolution des religions monothéistes au cours des derniers millénaires en conjuguant cette histoire avec des événements très contemporains. Après une introduction sur les rives du Niger et à Tombouctou, l’action du « (…) testament syriaque » se passe à Paris, principalement à Ménilmontant, de nos jours. Le thriller, car c’en est un, part de la découverte d’un manuscrit en langue syriaque qui au fil de son décryptage va s’avérer être une bombe à retardement pour certains adorateurs du Coran. Le commissaire Sarfaty, principal personnage, érudit, islamologue, arabophone et docteur es religions, enquêtant sur des crimes et des disparitions va vite se retrouver dans la nasse des intérêts diplomatiques et du terrorisme d’Etat. Pour s’en sortir, il ne comptera que sur sa connaissance de l’humanité, des légendes que sont les religions qu’il comprend sans mépriser leurs affidés tout en restant athée, citoyen et très parisien. L’histoire est prenante, autant par son intrigue que par la description de l’imbrication des 3 religions du livre ; la force du livre, quel que soit son sujet, est mise en avant avec malice par l’écrivain (Barouk en arabe signifie scribe et est le pseudonyme de l’auteur). Un plaisir. Une manière haletante de revoir les religions avec aisance grâce à une excellente vulgarisation du savoir de Barouk Salamé et de l’ensemble des personnes qu’il a consulté (cf. « sources »).
Un bémol – minuscule – : « Bénazir », personnage du roman, possède des tennis en cuir à talons (?), soit c’est un nouveau concept, soit un manque de relecture (p.337).
Un clin d’œil à Dennis Lehane quelques pages plus loin, nouveau pseudo d’un des personnages… comme quoi le scribe est malicieux.
Une chose certaine est que j’ai hâte de lire « Arabian Thriller », la suite et « Une guerre de génies, de héros et de lâches » où l’on retrouve Sarfaty dans sa jeunesse algérienne au moments des « événements ».

Barouk Salamé – Le testament syriaque – Rivages/Thriller 2009. Rééd. Rivages/Noir, 2011

Barouk Salamé – Arabian Thriller – Rivages 2011
Barouk Salamé – Une guerre de génies, de héros et de lâches – Rivages 2012.

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