Belfast, son passé torturé, ses abattoirs (maison des massacres en v.o.), un bar, un mont-de-piété, un tueur, une tueuse en chef, une frapadingue, un homme de mains, un looser dénommé Lucky, une mégère diabétique, un couard héroïque, un amateur de snooker et l’ombre de son père… Sam Millar tisse peu à peu les fils – poisseux – qui réunissent lieux et personnages pour nous entraîner sur une succession de tueries au doux nom de « Redemption factory » (l’usine de la rédemption). Tout démarre par le meurtre d’un traître à la cause, entendez à l’I.R.A, dans les années 80’s, puis on entre au sein de massacres légaux en découvrant les abattoirs dont l’univers est décrit avec acuité et couleur rouge vif comme une bille de snooker. Le roman prend un premier virage en détaillant la famille aux commandes de ces abattoirs comme basée sur la violence, violence familiale et violence de la délinquance. On glisse assez vite du massacre d’animaux au meurtre ou sa menace. Puis de la menace au meurtre. La véritable rédemption n’intervient qu’en toute fin.
Le polar irlandais, en particulier dans le nord du pays, a quelques particularités, outre de ressasser une Histoire très proche et bouleversante pour le pays, une ligne claire et une description toujours factuelle. Ça tranche dans le vif et cela reste un plaisir.
Sam Millar est un brillant auteur-scénariste, radical dans son propos, avec un sens du détail et de l’horreur digne d’un Jerôme Bosch, et un sens du cynisme aiguisé. Un excellent polar avec une langue vivante très épicée et un langage direct, sans fioriture.
Sam Millar – Redemption Factory – Fayard noir 2010
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