●●●○○ Anka, l’aplati de Marseille

Entre deux polars, deux thrillers, j’ai lu « Anka« , roman noir qui se déroule à Marseille où les aplatis sont des en-cas. Guillaume Guéraud nous parle d’un oubli ; d’une personne oubliée ; une femme… oubliée. Comme tous ces êtres humains qui se faufilent comme des ombres dans notre vie, de peur de se faire voir, de peur des autres : les sans-papiers. « Anka » n’est pas un polar, il est bien plus dur que cela, le roman n’est que paravent, c’est un document, une réflexion, un pavé dans notre face et nos illusions. Il décrit comment il existe au-delà de la marchandisation des corps, la marchandisation des êtres ; comment un homme, bon père de famille, peut, pour de l’argent, épouser une inconnue et l’oublier le lendemain jusqu’à sa réapparition le jour de sa mort… il décrit le traumatisme d’un enfant qui découvre les bassesses du monde au travers de son regard sur son père et sur l’invention de cette inconnue, l’oubliée dont il rêve la vie à défaut de l’avoir connue.
C’est donc l’histoire du lien qui se crée en une jeune morte, roumaine exilée à Marseille et un adolescent à qui l’on apprend avec délicatesse la mort de sa mère… rien que le premier chapitre nous met dans l’ambiance glauque de nos incivilités, de notre « inurbanité ». Cela se lit d’une traite, en visitant Marseille, une de ces cités et son centre coincé entre Longchamps et le Vieux-Port, en croisant ses habitants, jeunes désœuvrés, vieux galériens du quotidien et travailleuses tarifées. « Anka » est une histoire universelle, une de plus, qui montre notre fabuleux talent pour ne pas voir la misère ou mieux la déshumaniser.

Guillaume Guéraud – Anka – Éditions du Rouergue 2012

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