●●●●○ Abymes de l’ombre

Steve Mosby réussit un triple pari : une excellente intrigue, une écriture riche et une parfaite mise en abyme. On entre dans « Les fleurs de l’ombre » par plusieurs portes. La première est celle d’un roman oublié datant de 1991 sur une histoire vécue, une sorte d’enquête journalistique. La deuxième porte s’ouvre sur Neil Dawson, fils d’écrivain, qui se lance aussi dans l’aventure narrative. La troisième porte correspond à l’enquête intime que mène une inspectrice. Prismes que l’on rencontre parfois. La bascule se fait lorsque le manuscrit semble prendre vie et que le père de Neil meurt. Une autre porte va nous précipiter dans l’abysse d’une mise en abîme autour de crimes qui perdurent depuis deux générations.
C’est un puzzle de reflets, une galerie des glaces. Très savamment orchestré, avec quatre voix qui nous content l’horreur. Les quatre voix sont celles de personnes directement impliquées dans cette horreur et pour rendre compte de la complexité de l’ouvrage, une des voix est celle de l’auteur des crimes principaux, une autre a vécu l’horreur, une autre est en train de la vivre, une dernière l’a découverte. Ajoutons à cela d’autres personnages principaux qui ont enquêté sur la même affaire et qui sont intimement liés aux principaux protagonistes. La recherche du père est le leitmotiv qui va guider les protagonistes mais je n’en dirais pas plus, car il faut garder toute son alchimie aux « Fleurs de l’ombre » pour que leurs parfums délétères s’épanouissent jusqu’à la dernière page.
Les différents styles d’écriture rendent bien ce canon à quatre voix. Toute l’intrigue se déroule dans « Whitkirk » et ses alentours que l’on peut sans mal associer à quelques cités du West Yorkshire, de par la description qu’en fait Steve Mosby. Ce dernier s’amuse avec les noms des lieux en reprenant des noms très courants sans en permettre la localisation précise par le lecteur, mais cela est anecdotique au regard de la puissance de cette histoire. Steve Mosby s’amuse aussi avec ses pairs en situant à « Whitkirk » le Carnegie Festival qui consacre effectivement chaque année la littérature noire d’outre-manche.
Il est clair qu’il faut garder le cap pour aller au bout de l’ouvrage, mais quel plaisir quand peu à peu, puis de plus en plus vite, les pièces du puzzle se mettent en place.

Steve Mosby – Les fleurs de l’ombreSonatine 2011

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