Pause littéraire #2 – Attentat

Lorsque je ne lis pas des polars, je plonge dans un roman, une BD… en général bien noir, mon côté optimiste sans doute. Ces quelques lignes pour vous parler de l’immense Yasmina Khadra et de l’interprétation en BD de son roman « L’attentat » paru en 2005. Loïc Dauvillier et Glen Chapron interprètent brillamment « L’attentat » et rende un bel hommage au prolifique et talentueux auteur, en attendant de voir le film tiré de cette œuvre qui sort cette année sur nos écrans. « L’attentat » parle de nos différences et surtout de nos ressemblances, ce qui n’est guère étonnant quand on connaît le parcours de Yasmina Khadra.
L’histoire est connue et reste noire : juifs et musulmans se mettent sur la tronche au nom d’un dieu qu’il partage, les uns au nom d’un droit d’anciens martyrs, les autres en créant leurs martyrs, au final, un peuple fracturé et une terre invivable, une haine basée sur une volontaire incompréhension de source divine, donc irréfutable pour tout bigot. Seule la mort s’en tire à bon compte, chars, bulldozers et drones face aux bombes humaines délivrent leur ration quotidienne de sacrifices.
Le scénario est simple et les choix de Loïc Dauvillier au regard de la richesse initiale du roman son pertinents : Amine Jaafari, chirurgien de Tel-Aviv, palestinien devenu israélien, profondément athée, en phase avec un monde ouvert et riche découvre en un instant qu’il est un traître. Traître à ses origines, car ayant tourné le dos à la misère sociale, à la religion de ses parents, traître par omission, traître dans la société où il vit car arabe israélien, donc soupçonnable de n’être qu’un faux-semblant y compris par ses propres amis, traître envers sa femme qu’il ne connaissait pas si bien que cela. Un homme perdu car refusant d’appartenir à une seule fraction d’humanité… un jeu d’équilibriste que de se vouloir universel.
Le dessin et les couleurs de Glen Chapron rendent fidèlement les images de Tel-Aviv, Bethléem, Nazareth, Jénine, leurs atmosphères respectives, la paranoïa, la tension, le quotidien et l’implacable soleil, la magnificence et la douceur des paysages ruraux de la Palestine. Les portraits des hommes et femmes que croisent Amine sont bouleversants de vraisemblance, frères et sœurs, ennemis au nom du mensonge.

« Toutes les Histoires sont manichéennes. Toutes essayent de s’inspirer des mythologies et de se prolonger dans la légende. C’est la raison pour laquelle les guerres perdurent. » Yasmina Khadra.

Dauvillier & Chapron – L’attentat – Glénat 2012

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