●●●○○ « Passer la frontière, c’était mourir un peu »

Triple crossingChicagoan, italo-argentin par son père, mexicain par sa mère, travailleur de la frontière, entre Tijuana et San Pedro, coopté par un service mexicano-états-uniens, intégré au sein d’une mafia internationale qui contrôle Foz da Iguaçu aux confins du Brésil, du Paraguay et de l’Argentine… Valentino Pescatore franchit la ligne tous les jours. Pescatore, un peu brigand, un peu flic sert d’hameçon à Sebastian Rotella pour dérouler l’histoire de ces frontières, tellement nécessaires aux trafics lucratifs, eux-mêmes tellement nécessaires aux politiques dans « Triple Crossing », son premier et excellent roman.
La frontière, cette construction politique liée aux affrontements de pouvoirs opposés, est le véritable héros de ce livre. Sebastian Rotella nous emmène sur l’imbrication récurrente du pouvoir et des mafias, d’abord au Mexique où l’on suit le combat homérique et quelque peu Don Quichottesque d’un ancien journaliste, Leobardo Mendez, gauchiste, devenu responsable de Diogène, l’unité spéciale contre la corruption et le crime organisé, et d’Araceli Aguirre, commissaire aux droits de l’homme, puis au cœur de cette osmose, sur les traces d’un sénateur et de son neveu, les Ruiz Caballero, enfin au niveau international où l’on mesure que les décisions policières et judiciaires impactent fortement les intérêts géopolitiques de Washington et Mexico. Aidé d’Isabel Puente, déléguée aux affaires internes, cubaine de Floride, Pescatore officie dans les méandres de ces eaux troubles comme poisson pilote, malin bien qu’ingénu, manipulé et manipulateur ; son personnage nous entraîne avec humour et terreur dans un labyrinthe de lignes emmêlées, entre politique, trafic, sentiments et action. Sebastian Rotella joue les passeurs et nous dévoile plusieurs univers, celui des gangs latinos, celui du pénitencier de Baja California, ville dans la ville, celui des « Frontalières » et des « dos mouillés », celui des flics ripoux et des politiciens corrompus, celui de l’espagnol qui diffère d’une région à l’autre de l’Amérique Latine, celui des réseaux internationaux où triades chinoises, brigades arabes et mafias sud-américaines (Marabunta, Eme…) s’allient et se guerroient au gré des trafics.
Un très bon polar qui se lit d’une traite et nous décrit les villes de San Diego, Tijuana (brièvement) et surtout l’agglomération de la Triple Frontière (Ciudad del Este – Foz da Iguaçu – Puerto Iguazu) qui donne son titre au livre.

Sebastian Rotella – Triple Crossing – Liana Levi 2012

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