●●●●○ Swansea Terminal (Abertawe)

« La revanche du mort-vivant » ou « une mise en bière étincelante » auraient pu être des titres alternatifs à « Swansea Terminal » de Robert Lewis tant ce dernier rend l’idée de vengeance proche de la grande faucheuse avec le retour à Swansea de son désormais « héros » : Robin Llewellyn.
« Swansea Terminal » démarre dans une grande dépression et s’achève de la même manière ; autant dire un roman noir au sens strict du terme et au titre doublement exact. Robert Lewis nous dépeint la misère sociale dans toute son ampleur, dès lors que l’action se passe au Pays de Galles des années post-Thatcheristes, dans un port désindustrialisé : Swansea… en suivant une ombre parmi d’autres, celles de Robin Llewellyn, alcoolique du mal de vivre ancien recouvreur de créances, ancien détective privé, épave sur son erre, cancéreux au dernier degré, apparu dans le premier polar de Robert Lewis « Un dernier train pour Llanelly » où il arpentait les bars et pubs de Bristol.
Robert Lewis est un peintre du mal de vivre, du désespoir au quotidien. Dans « Swansea Terminal », on fait la tournée des bars de Swansea, en croisant les dépossédés du monde, l’obèse abrutie, ses frangins truands en trafic d’alcool et fraudeurs internationaux, le marin qui ne voit pas la mer, le taxi fan de tuning, l’ancien pédophile devenu chercheur d’or, un gentil dealer, et toute une litanie de barmen… L’alcool est un remède pour ne plus se poser de questions – un comble pour un pseudo détective -, s’oublier, s’abandonner et détester le monde alentour. Robin prend des coups pendant les deux-tiers du bouquin avant d’esquisser un semblant de révolte, de survie.
Les pintes vont et viennent, entrecoupées de verres de whisky, vodka ou autres, déterminant l’art de de mourir à petit feu de Robin Llewellyn. Dans sa longue descente aux enfers, Robin Llewellyn dénonce les trafics internationaux, la destruction du système de santé britannique, la défaite de l’humanité, même si un semblant de solidarité semble perdurer entre les défaits de la société. Swansea est un port et on retrouve bien l’ambiance des ports et leurs atmosphères particulières.
Le livre est découpé très judicieusement en quatre parties qui ont chacune leur atmosphère. La première partie, intitulée « Diagnostic », montre la descente aux enfers, au travers de la déchéance de Robin Llewellyn et des ses frères errants. La deuxième est consacrée au remboursement de sa dette aux truands, là où il est le plus bas. La troisième partie montre que les facultés intellectuelles du héros lui permettent de concocter une revanche avec doigté et la dernière montre que même quand on a l’impression d’être tiré d’affaires, l’avenir est mortel !
Ajoutons à cela, que Robert Lewis a le don de l’ironie et de la justesse en associant en dédicace de belles paroles de Shane MacGowan.
Je me suis délecté à la lecture de ce livre, une fois passée la difficulté à ingurgiter les noms gallois, la plupart du temps dénués de voyelles¹ … C’est noir, très noir. Et ça se laisse lire, comme on descend une pinte de Guiness. Avec délectation et bonheur.

¹ je vous laisse articuler Bwlch ou même Llanelli si vous n’êtes pas fan de rugby…

Robert Lewis – Swansea Terminal – L’esprit des péninsules 2007

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