●●●●○ L’heure du chacal

L'heure du chacal« L’heure du chacal » nous conte la Namibie, un état jeune, avec une histoire très perturbée au cours du dernier siècle. Windhoek, le « coin du vent », sa capitale regroupe aujourd’hui les aspects les plus marquants de cette Histoire : Un immense township, Katatura où vivent les descendants des Hereros, Ovambos, Khoisans et Boschimans, Khomasdal, le quartier métis, Ludwigsdorf, le quartier résidentiel des Blancs et un centre-ville avec de larges avenues qui ont toutes changé de noms aux lendemains de l’indépendance de la Namibie en 1990. Bien que la démocratie avance à grand pas dans ce pays régi depuis plus de vingt ans par le SWAPO, le passé de colonie allemande et le poids de l’Apartheid de l’Afrique du Sud sont encore présents et la stabilité du pays repose sur les fondements de la jeune république. Aussi, quand des meurtres d’anciens mercenaires racistes ont lieu, l’inspectrice Clemencia Garrise plonge dans l’Histoire récente de son pays pour tenter d’élucider au plus vite ceux-ci. L’affaire prend vite un tour politique, d’autant plus que les victimes ont été impliquées dans le meurtre d’un héros de l’indépendance, Anton Lubowski, avocat, membre de la SWAPO, avec l’implication possible du chef de la police, d’un ancien juge… Bernhard Jaumann mène l’enquête avec justesse et un luxe de détails qui nous permettent de mieux nous emparer de ce magnifique pays, en distillant de ça, de là, tous les indices pour la compréhension des enjeux et des conduites de chaque protagoniste de cette affaire. Un excellent thriller politique, une brillante étude géopolitique d’un pays discret, fortement influencé par son grand voisin du sud, mais comme tous, bien au centre du monde. Tous les clichés nous renvoient à l’Histoire de l’Afrique, exploitée, colonisée et dévalorisée par les chacals que sont les européens. Bernhard Jaumann fait vivre son enquête, en liant passé lointain ou proche avec vie actuelle, nous contant aussi bien les sous-marins russes, les mines de diamant que les traditions tribales très imbibées de christianisme. Bernhard Jaumann s’inscrit avec Nele Neuhaus parmi les nouveaux maîtres du polar allemand, en évoquant un fait marquant éloigné géographiquement à l’instar d’un Caryl Ferey avec « Zulu ». Un roman à lire d’une seule traite qui rappelle qu’il est important d’éclaircir toute l’Histoire pour assurer les bases d’un nouveau départ.

Bernhard Jaumann – L’heure du chacal – Le Masque 2013

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