●●●●○ « Le chanteur », London calling

Pour parler du troisième opus de Cathi Unsworth, « Le chanteur », je déroge à une de mes règles, parler d’un livre où le lieu est essentiel à l’histoire, quoique… existe-t-il une ville avec un tel foisonnement de scènes musicales que le Londres des 70’s ? « Le chanteur » est une véritable bande-son autour de laquelle se construit une histoire, l’histoire de cette multitude de groupes de musique émergents en 76-77 et disparus cinq ans plus tard. Unsworth conte la double quête menée par le journaliste Eddie Bracknell, celle des années punk et celle d’un chanteur disparu, Vincent Smith, mi Dave Vanian, mi Sid Vicious. Au travers d’une hagiographie qui brosse le portrait de trois adolescents de Hull, Steve Mullin, fan des Sex Pistols et admirateur du jeu de Steve Jones, Lynton Powell, fan de Miles Davis qui délaissera la trompette au profit de la basse et Kevin Holmes batteur dont la taille et le talent n’ont rien à envier à ceux de Topper Headon, qui, lors du fameux concert des Tax Exile à Doncaster rencontreront Vincent Smith qui deviendra le chanteur de leur groupe « Blood Truth ». On suit leurs aventures en croisant toute la faune londonienne de ces années, aussi bien les musiciens, que leurs managers plus ou moins véreux, les journalistes spécialisés dans une atmosphère fantastique où se mêlaient prolos et bourgeoises, rastas et keupons dans un rejet de l’ordre établi et bientôt rigidifié par l’effroyable Dame de Fer. Il faut dire que Cati Unsworth, ancienne du Sounds prend un malin plaisir à dresser leurs portraits, véritables caricatures de ces oiseaux de nuit. Écrit comme une monographie sur le mouvement punk et les débuts de la new-wave, « Le chanteur » va peu à peu prendre des allures de thriller lorsque l’on découvre que sexe, drogue and rock’n’roll n’est pas qu’un slogan racoleur de publicitaires en mal d’honnêteté (pléonasme) et que la disparition de Vincent Smith cache en fait une somptueuse arnaque.
Tout cela nous plonge dans les années noires où « No future » était bien plus qu’un signe de ralliement, un cri de guerre désespéré avant d’être ici celui d’un journaliste un peu naïf. À lire en écoutant the Damned, the Sex Pistols, the Clash, the Slits, Joy Division, Marianne Faithfull au fil des pages… pour percevoir les fantômes du Sid, de Ian Curtis et de Joe Strummer et les personnages romancés de Don Letts, Jon Savage, Viviane Westwood, Malcom McLaren, Captain Sensible, avec un tel vécu que l’on fredonne l’appel de Londres.
Après avoir fermé la dernière page, je n’ai qu’une envie, y retourner, mais sans doute est-ce par nostalgie. Je vais donc replonger, mais seulement dans les œuvres suivantes de Cati Unsworth, « Bad Penny Blues » (toujours chez Rivages) et « Weirdo » (sans doute disponible en 2013).

Cati Unsworth – Le chanteur – Rivages 2011

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