●○○○○ « IL » pas si mystérieux

ILQue dire d’« IL » de Derek Van Arman ? un polar imposteur ? un documentaire sur les méthodes du FBI ? une copie de « IT » de Stephen King ? un peu de tout cela… mais surtout un pavé qui décrit avec minutie et forces détails les méthodes d’investigation du Vicat (Violent Criminal Apprehension Program), branche spécialisée du FBI sur la recherche et la traque des serial killers. Ces détails que l’on retrouve dans la description des banlieues résidentielles de Washington, côté Maryland, ces villes sans Histoire, dans les personnages principaux, le duo d’enquêteurs Scott et Rivers et le principal suspect, donnent de l’épaisseur à une histoire qui semble plus un prétexte journalistique (« écrire, c’est révéler »).
Des réminiscences du roman de King paru en 1986, un même décalage temporel entre les premiers meurtres et la résolution de l’enquête, un même clown dans le paysage, des victimes enfants ou adolescents, plusieurs points communs… surtout pour un roman sorti 6 ans plus tard aux États-Unis. Une impression de déjà-vu donc, liée au « IT » de King, mais aussi aux nombreuses parutions sur le thème des tueurs en série qui ont rencontré le succès depuis cette date. Tout ceci peut faire qu’« IL » nous laisse un peu sur notre faim, malgré une bonne écriture et une densité impressionnante.
De plus, « IL », « Just Killing Time » en V.O., ne sort pas incognito cette année en France. Précédé des affaires qui ont retardé sa sortie, l’auteur, aurait eu maille à partir avec le FBI, mécontent que soient dévoilées certaines de ses pratiques (cf. 4ème de couverture) ou certaines pratiques de tueurs en série (?), livre attendu donc après avoir fait sensation aux États-Unis en… 1992, il est probable qu' »IL » soit surestimé aujourd’hui. À cela, j’ajouterai qu’« IL » nous parle d’une vision très états-unienne limitée au Bien et au Mal, déjà déifiés en 1992, adulés depuis 2001. Un seul exemple, l’auteur parle de son suspect comme d’un tueur en série de type « récréatif »… déjà que pour lui, les tueurs n’ont pas de sentiments et que cette absence de sentiments expliquerait leur démarche particulière, ou comment nier l’humanité de ces tueurs, le fameux concept blanc ou noir qui toujours me hérisse de par sa simplicité réductrice de l’âme humaine.
Malgré tout, ce livre trouvera son public, d’une part, les fans d’intrigues à base de tueur en série, d’autre part, les passionnés de documentaires et nonobstant cette impression de « déjà-vu », ce bon bouquin serait aussi un bon polar, car il sait aussi nous emmener dans l’intimité des personnages, dans l’ennui des banlieues résidentielles, dans l’histoire du « chemin de fer souterrain » et de ses codes, dans la volonté des états-uniens de conserver les moindres traces de leur Histoire récente.

Derek Van Arman – IL – Sonatine 2013

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