Dans « La mort, entre autres« , Philip Kerr continue d’exploiter le filon de l’histoire nazie avec talent dans les dernières aventures de Bernie Günther. Après nous avoir dessiner le Berlin d’avant guerre et la Wien de la défaite allemande, il nous entraîne cette fois entre München, Wien et Garmisch-Partenkirchen, au cœur de l’hitlérisme bavarois, sur les traces des bourreaux SS en fuite vers les Amériques… certains aidés par l’église catholique aux ordres du Pape et d’autres soutenus par la CIA pour développer les industries de pointes aux Etats-Unis. Kerr prend le temps de disséquer les intérêts de chacun, des industries pharmaceutiques, des stratèges occidentaux face à la peur de l’ogre soviétique, de Juan Peron le dirigeant argentin fan de Hitler, des juifs chasseurs de nazis, des palestiniens liés aux nazis, des services secrets, des questions d’actualités des années d’après-guerre qui malheureusement ont impacter la course folle de notre planète jusqu’à présent. Le tout, bien entendu sur fond d’horreurs passées et présentes, Philip Kerr mettant en exergue toute la noirceur de l’être humain et son absence notable d’évolution dès lors qu’il a atteint une certaine « maturité ». C’est un excellent thriller, basé sur des faits historiques incontestables et très bien rendus, on suit l’enquête de Günther ou plutôt sa vie devenue très compliquée depuis son passage chez les SS. Ce roman est d’une noirceur extrême, sans espoir pour ses protagonistes, sauf peut-être pour les plus méchants.
A lire pour les passionnés d’histoire et pour tous ceux qui se sont posés la question d’être allemand après le national-socialisme… sans pour autant y trouver quelque réponse satisfaisante.
Philip Kerr – La mort, entre autres – Le Masque, 2009