●○○○○ Déception chypriote

Cela commençait bien. Un polar géostratégique se passant entre Chypre, New-York, Brussels et Paris… le climat chypriote, un soupçon de futurisme, une pincée d’histoire, un poil d’archéologie, une nuance politique, un effleurement de sentiments, quelques ingrédients qui peuvent faire un bon polar. Mais voilà, la recette ne prend pas, mais alors pas du tout. « Le sang des rêves » est une grande déception pour au moins deux raisons :
– le roman ne manque pas de matière, tout peut concourir à un excellent polar, il manque juste quelques bribes de scénario, ou plutôt une construction de scénario un peu moins simpliste…qu’une enquête de Derrick. Au sujet des matériaux, Mine G. Kirikkanat accumule la qualité de chacun, on perçoit chez elle la velléité de perfectionnisme, avec sans aucun doute un vrai travail de recherche sur la nanoscience, l’archéologie et l’histoire méditerranéenne et tout autant une réelle connaissance des enjeux stratégiques du contrôle du Bosphore, des enjeux de la mondialisation et d’İstanbul ;
– « La malédiction de Constantin« , précédent roman traduit en français, tout autant étayé par la connaissance des sujets abordés, paru déjà chez Métailié, nous amenait aussi dans l’histoire de la mégapole turque avec non seulement une « illustration claire des enjeux géopolitiques dont la Turquie est le théâtre » (postface de Gilles Perrault) mais aussi un scénario approfondi laissant percevoir les réflexions de chacun des personnages (dont certains continuent l’aventure dans ce dernier opus), leurs sentiments, la détresse et le désarroi face aux bouleversements récents et la crainte de la montée des intégrismes.
Pour conclure, cet opus relativement court, se lira d’une traite dans votre prochain trajet ferré, vous n’en garderez que peu de souvenirs, mais vous aurez été promené dans un avenir proche, après la destruction d’Istanbul par un « Big One », place à conquérir par les nouvelles forces du mal (i.e l’impérialisme occidental ou russe) où l’histoire a toute son importance… de même que les paysages.

Mine G. Kirikkanat – Le sang des rêves – Métailié 2010

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