●●●●○ « 13 heures » au Cap

J’ai découvert Deon Meyer avec « Les Soldats de l’Aube »… et l’ai croisé aux Quais du Polar où a été abordé son dernier roman paru en France « La Trace ». C’est sans doute pour cela que je me suis penché sur « 13 Heures », car Deon Meyer a insisté sur ce roman, qui pour lui a servi à lancer la trame de « La Trace ». Parlons donc de « 13 Heures », 6ème roman de Deon Meyer paru au Seuil. L’action se déroule au Cap, sur… 13 heures, entre le moment où l’inspecteur Benny Griessel est appelé pour un 1er meurtre et la résolution des deux affaires sur lequel il est intervenu à titre de conseil, encadrant deux jeunes inspecteurs. Pendant ce temps, Deon Meyer nous dépeindra la société du Cap, les crispations de chacun de ses personnages vis-à-vis de la nouvelle Afrique du Sud, l’optimisme sous-jacent de cette ville malgré son ancrage dans la violence et nous amènera peu à peu au summum du mal-être en inscrivant sa ville dans le monde global et ses trafics en tous genres. Le livre est noir, d’une noirceur déposée avec pointillisme, mais qui va tendre à recouvrir la toile sur laquelle travaille Meyer. Lors de sa venue à Lyon – cette année, car il vient régulièrement à « Quais du Polar » -, Deon Meyer s’est longuement exprimé sur son œuvre, en expliquant posément qu’il vit dans un réel confort familial très éloigné de la vie qu’ont ses personnages. Il nous a aussi exprimé toute la difficulté d’un gouvernement en apprentissage de démocratie, du multiculturalisme qui doit adopter un système de fonctionnement commun et des trajectoires diverses au travers des quartiers très marqués du Cap. L’intérêt majeur de « 13 Heures » vient du fait que si toute l’action se passe au Cap, avec une description très fouillée de la Table du Lion au centre-ville, Deon Meyer insiste sur la noirceur des événements qui s’y passent en référence à la noirceur du monde, en inscrivant chacun des trafics dénoncés dans leur globalité mondiale et surtout en insistant sur le déséquilibre de ce monde entre demandes des nantis et malheurs des déshérités qui après avoir vendu leurs âmes en sont à vendre leurs corps. Car ici encore, le crime n’appartient pas à celui qui le réalise mais bien à celui qui en profite. C’est, en un mois, la deuxième découverte du Cap au travers d’un polar (avec « Zulu«  de Caryl Ferey) et si dans la description urbaine, les deux se complètent très bien, j’avoue une préférence pour l’intrigue du thriller de Deon Meyer même si ce sont tous deux d’excellents polars. Quoiqu’il en soit, cela invite à découvrir cette cité quelque peu mythique et à suivre « La Trace ».

Deon Meyer – 13 Heures – Le Seuil 2010

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