●●●○○ Trash circus

Je ressors de la lecture de « Trash circus » avec un arrière goût de bile, tant ce roman noir a des côtés nauséabonds. Joseph Incardona pousse son lecteur dans ses retranchements tant les images qu’il nous envoie sont sombres et parfois écœurantes comme un breuvage sirupeux et aigre à la fois. Ce roman n’est pas un polar, juste la description de la dérive mortelle d’un jeune cadre dynamique, dont l’ambition professionnelle passe par l’abolition des sentiments. Joseph Incardona nous emmène donc au paroxysme de l’idéal sociétaire actuel : devenir un « winner » impose d’oublier son père, ses filles, de renier sa femme, de rabaisser ses collègues, de slalomer entre ligne blanche et pilules rouges, le tout avec l’éclat nickel de ses longues dents blanches. Ce qui fait la force du roman et le relief de son personnage principal, Frédéric Haltier, est dans la normalité de ce dernier ; en effet, quand celui-ci redescend sur terre, il n’a plus qu’un moyen d’assouvir son indéniable énergie, quitter son rôle de loup solitaire pour redevenir mouton bêlant mais pas avec n’importe qui… au sein des supporters les plus bestiaux du PSG pour s’adonner à leur rite favori : la baston. L’univers du foot est décrit à l’aune de celui de la télévision, fric, coke, call-girls et superficialité habillant de « lumière » la bêtise fascisante des braillards avinés, chantant la gloire de leurs couleurs.
La violence est partout dans la personne de Frédéric Haltier, qui se révèle au fil des pages plus fragile que calculateur, paranoïaque au dernier stade et finalement humain, ce qu’il découvre un peu tard. Franchissez les premières pages qui peuvent en débecter plus d’un tant le rapport du « héros » aux hommes et surtout aux femmes est horripilant, oubliez l’inhumanité et au-delà de cette violence, découvrez comment le concept de la gagne recèle quelques côtés pervers. L’action se déroule quasiment entièrement à Paris (éditions Parigramme obligent), entre les locaux d’une télé poubelle et le Parc des Princes ce que résume très bien le titre « Trash circus ».

Joseph Incardona – Trash Circus – Noir 7.5 Parigramme 2012

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